De l'(in)efficacité du blogging
Vous ai-je déjà dit que je suis un gros paresseux ? Non ? Alors je vous le dis aujourd’hui, je suis la paresse incarnée. Tenez, ce billet par exemple, je comptais le publier le 31 août dernier à l’occasion de la journée mondiale du blog. Mais je n’ai pas pu, parce que j’avais trop la flemme de l’écrire. D’ailleurs, depuis un bon bout, j’écris de moins en moins. Ceux qui me lisent souvent sur ce blog – c’est-à-dire une poignée de potes indulgents qui s’ennuient à mourir – ont dû faire la remarque. Mais ce n’est pas à cause de ma paresse maladive. Pas seulement, du moins. Pour tout vous dire, tout a basculé le jour où je me suis franchement posé la question qui tue : quelle est l’efficacité du blogging ?
Je dois vous dire autre chose, le coupable du questionnement qui a conduit à la baisse de régime dont a souffert mon blog a un nom : Facebook. Plus précisément, c’est leur fonctionnalité qui affiche les « souvenirs » de publications faites une ou plusieurs années avant qui a tout déclenché.
Bon je vous raconte : je suis plutôt vindicatif comme mec en plus d’être cool et choco, ce qui fait que quand j’ai débarqué sur Mondoblog en septembre 2014, je n’ai pu m’empêcher de critiquer vertement tout ce qui bougeait : Paul Biya, ses ministres, le système éducatif, la police, le port de mèches brésiliennes, Mondoblog même, bref tout le monde. Et je pensais que c’était suffisant, que je faisais ce qu’il fallait. J’étais convaincu que j’étais dans mon rôle de blogueur engagé thermostat. Jusqu’au jour où Facebook s’en mêla.
C’est quand Facebook a commencé à me montrer les articles que j’avais publiés et partagés l’année précédente, que j’ai également commencé à me demander, en toute sincérité, à quoi avait servi tel ou tel billet dans lequel je critiquais tel ou tel aspect du Cameroun, telle ou telle décision ministérielle, telle ou telle institution…
Et à chaque fois, la réponse semblait être la même : rien. Rien n’avait changé, ou presque. On avait lu, commenté et quelquefois partagé mon billet. On avait souvent apprécié, parfois critiqué. Mais c’était tout. Même quand il m’arrivait de proposer des solutions aux problèmes que je soulevais dans certains billets, personne n’en tenait vraiment compte.
J’en suis arrivé à la conclusion que mes billets, s’ils n’étaient pas totalement inutiles, ne suffisaient pas à eux seuls à faire bouger les choses dans le sens que je voulais (oui, parce qu’un like n’a jamais changé le monde).
Entendons-nous bien, je ne suis pas en train de minimiser l’impact qu’un billet peut avoir sur le lectorat. Je ne nie pas que toute action, tout changement commence par la prise de conscience, et qu’un billet justement peut susciter cette prise de conscience. Mais, la prise de conscience à elle seule ne suffit pas. Du moins c’est à cette conclusion que je suis arrivé au fur et à mesure que Facebook me renvoyait mes billets en pleine gueule. J’en ai tellement pris plein la gueule que j’ai compris qu’il fallait agir autrement si je voulais arriver à un quelconque changement.
Cela revient-il à dire que le blogging est inefficace ? Ça dépend. Si on se contente d’écrire pour critiquer, dénoncer, et proposer – pour que qui applique ? –, j’ai bien peur que nos billets n’aient, dans le meilleur des cas, qu’un impact très limité, trop limité même. Je pense qu’au texte il faut joindre les actes, aux idées il faut joindre l’action. Par exemple, un blogueur qui reproche à ses compatriotes de ne pas aller voter alors que lui-même ne s’est pas inscrit sur les listes électorales n’est pas très cohérent avec lui-même – la loi du « faites ce que je dis et non ce que je fais » ne s’applique pas ici.
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