Accès à l’emploi : les jeunes peuvent tout faire, et c’est ça le problème
Comme chaque année, la fête du travail s’est célébrée cette année le 1er mai, quasiment partout dans le monde. Au Cameroun, la fête n’a pas eu l’envergure qu’on aurait pu imaginer, et pour cause : le travail est une denrée rare, et ceux qui parviennent à en avoir un ne l’exercent pas toujours dans les meilleurs conditions. L’un des principaux problèmes auquel les jeunes sont confrontés au Cameroun, c’est l’absence de qualification.
« Je peux tout faire »
En général, les jeunes camerounais sont de vrais débrouillards. Ils vous le diront eux-mêmes, ils peuvent tout faire – c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de préférence en termes d’emploi. Le problème, c’est que pour trouver un emploi il ne faut pas « pouvoir » tout faire, il faut au contraire « savoir » faire, bien, une seule chose. En un mot, il faut avoir une formation, être qualifié, dans un domaine bien précis. C’est ça qui a de la valeur sur le marché de l’emploi.
La formation que les jeunes camerounais reçoivent à l’école – précisément dans l’enseignement général – ne les aide malheureusement pas à acquérir des compétences précises, et donc à se trouver un emploi qualifié, sans être prêt à tout faire justement. Mais, malgré les promesses de professionnalisation des enseignements et l’introduction de l’approche par les compétences, il n’y a presque pas eu de changement dans les contenus, ce qui fait que le problème reste entier.
Les formations inaccessibles
À cause de l’inadéquation de la formation que les jeunes reçoivent du primaire au secondaire (et, le comble, parfois même au supérieur) vis à vis du marché de l’emploi, le seul moyen de se former pour un jeune c’est d’intégrer une « école de formation », ce qui n’est pas aisé : non seulement ces grandes écoles sont concentrées dans les centres urbains, mais en plus elles coûtent très cher.
L’autre aspect à prendre en compte, c’est le fait que beaucoup d’élèves sont contraints de quitter les bancs de l’école avant d’avoir fini leur cursus au secondaire. Cela réduit fortement leurs chances d’entrer dans les écoles de formation (quand bien même ils pourraient payer les frais y afférents) dont l’accès est parfois conditionné à la possession de certains diplômes.
Plusieurs initiatives sans impact réel
En plus du Fonds National de l’Emploi (FNE) qui essaie d’insérer les jeunes dans le monde de l’emploi, il existe d’autres initiatives telles que le Programme Intégré d’Appui aux Acteurs du Secteur Informel (PIAASI) ou le Programme d’Appui à la Jeunesse Rurale et Urbaine (PAJER-U) lancées par le gouvernement Camerounais, en plus du très récent Plan Triennal Spécial Jeunes (PTS-Jeunes) dont nous avons déjà parlé.
À l’exception du FNE, les trois autres programmes ont pour but principal d’accompagner les jeunes en finançant leurs projets. Mais, monter un projet, cela s’apprend. Et, malheureusement, c’est une compétence qui, elle aussi, n’a pas été enseignée à nos jeunes. En conséquence, les projets financés sont mal pensés et mal ficelés. Ces programmes n’aident donc pas les jeunes à émerger.
Former les jeunes dans les lycées
En révisant les programmes et surtout les contenus, il est tout à fait possible de donner une formation professionnelle aux jeunes dès le secondaire. Cette formation peut concerner un seul aspect, par exemple, la gestion des projets, ou alors le développement web, et pourquoi pas des domaines plus pointus comme l’agriculture, l’élevage. Cela permettrait non seulement que les jeunes puissent plus facilement s’auto-employer en cas de décrochage scolaire, mais aussi qu’ils soient capables de profiter pleinement des programmes mis sur pied pour faciliter leur insertion, en attendant que des lycées professionnels, comme le lycée technique et professionnel de Yabassi, se multiplient sur toute l’étendue du territoire.
Photo d’illustration : Les Eco
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