Le médecin n’est pas un faiseur de miracles

Article : Le médecin n’est pas un faiseur de miracles
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21 octobre 2016

Le médecin n’est pas un faiseur de miracles

Dernièrement, plusieurs drames survenus dans nos hôpitaux ont remis au goût du jour le rôle et parfois la compétence des médecins et du personnel soignant en général. Il faut dire qu’à chaque fois, ce sont ces derniers qui étaient indexés par les proches des victimes et désignés comme les premiers fautifs. Pourtant, les facteurs pouvant conduire au décès d’un patient sont nombreux et évitables dans la plupart des cas.

Les causes des décès

Pour en savoir plus, je me suis rapproché d’un professionnel du domaine qui m’a expliqué que le décès pouvait être lié à 3 retards majeurs :

Les retards dans la consultation : parfois les patients arrivent tard à l’hôpital, c’est-à-dire que, la décision de s’y rendre ne se prend que quand la maladie est déjà à un stade avancé. « Très souvent c’est après 3 jours de diarrhée que les mères amènent les enfants à l’hôpital, après avoir épuisé l’automédication ou les traitements traditionnels ». Dans ce cas, il est plus difficile de soigner le mal, et la conséquence est parfois fatale. Et ici, la faute revient au patient qui aura attendu trop longtemps avant d’aller au centre de santé.

Les retards dans le diagnostic : il peut également arriver que, pour une raison ou pour une autre, le diagnostic ne soit pas posé à temps. Les raisons de ces retards impliquent la compétence du médecin, la qualité du plateau technique, mais aussi les dispositions financières du patient. « Par exemple, tout le monde ne peut pas se payer un scanner à 180k pour diagnostiquer une maladie. »

Les retards dans la prise en charge : une fois que le bon diagnostic est posé, il peut arriver que la prise en charge traîne. Dans certains cas, cela est dû à l’absence des médicaments prescrits, mais il arrive aussi que le patient n’ait plus (suffisamment) d’argent pour le traitement. « Parfois tu fais une ordonnance avec 5 produits, il achète d’abord 2 ou 3. Ça retarde le traitement. »

Priorité au traitement ?

Récemment, une circulaire du ministre de la santé rappelait aux responsables des structures sanitaires que le paiement des soins est exigible 24 heures plus tard. Pour beaucoup, c’était la solution pour régler le problème des retards dans le diagnostic et surtout dans la prise en charge des patients. Pourtant, sur le terrain, c’est plus compliqué que ça, car en pratique, il est impossible très difficile de prendre en charge un patient qui n’a pas d’argent.

« Oui, c’est dommage mais c’est comme ça, en général le médecin de garde n’est pas en charge des stocks de médicaments. Donc, quand tu vois le circuit du patient, quand il termine où je consulte, il doit aller à la pharmacie avec mon ordonnance. Là-bas s’il ne peut pas payer, ce sera difficile pour lui d’avoir accès au traitement. Ça participe au troisième retard que j’ai évoqué. On est souvent impuissant, malheureusement. »

Ce que j’ai retenu

À la fin de notre entretien, j’ai retenu ceci :

Il est plus prudent d’aller à l’hôpital consulter dès qu’on se sent mal. Le médecin n’est pas un faiseur de miracles, et parfois il est trop tard quand on décide d’aller le voir.

Le rôle du médecin, c’est de « poser le bon diagnostic lorsqu’on lui amène un patient », il n’a ni le pouvoir ni les moyens de traiter un patient gratuitement, sauf s’il paye de sa poche.

Dans la plupart des cas, les décès sont causés par le manque d’argent, ce qui occasionne les retards cités plus haut, qui conduisent aux décès. « Par exemple, tout le monde ne peut pas se payer un scanner à 180.000 francs pour diagnostiquer une maladie. »

Le médecin n’est pas exempt de tout reproche : « premièrement c’est un humain (qui ne se trompe pas ?) et comme dans de nombreux domaines il y a des gens un peu moins compétents que d’autres. » Dans certains cas, une erreur de sa part peut avoir des conséquences dramatiques.

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Cet article a été rédigé dans le cadre de la campagne #SantéPourTous initiée par les blogueurs Camerounais. Pour participer à la campagne, vous pouvez suivre le hashtag #SantépourTous sur les réseaux sociaux, et partager les articles publiés dans le cadre de la campagne. Vous pouvez également (re)lire et partager les articles publiés avant celui-ci :

VIH SIDA : comment vivre longtemps avec le virus ? (Thierry Didier Kuicheu)

Les hôpitaux camerounais sont des malades très mal soignés (Fabrice Nouanga)

VIH-SIDA : la nécessaire éducation (Christian Cédric)

Pourquoi l’argent est-il la priorité dans les hôpitaux au Cameroun ? (Tchakounté kémayou)

 

Crédit photo de couverture: cameroun24.net

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