Mariée à tout prix #TBCS3E01
J’ai eu une pote à Maroua, une ancienne camarade de fac qui avait eu la « chance » d’entrer à l’école normale. Un jour où j’étais chez elle, elle m’a dit, toute triste: « Toi tu es bien, tu es déjà marié. Je sais même que je vais aussi me marier mais quand ? » Elle venait d’avoir une énième dispute avec son petit ami resté à Yaoundé, et elle hésitait à mettre fin à la relation, de peur de finir vieille fille et d’être par conséquent mal vue dans la société.
Au Cameroun, comme dans la plupart des pays d’Afrique noire, on ne donne parfois du respect à une femme que si on a déjà mangé sa dot. D’ailleurs, il y a un dicton bien approprié qui dit: « Tant que tu n’es pas la femme de quelqu’un, tu es la femme de tout le monde ». Certaines ont tellement bien intégré ces paroles que, le plus souvent, elles préfèrent être mal accompagnées plutôt que de rester seules. C’est ce que mon amie m’a laissé entendre ce jour-là, à Maroua.

C’est curieux, mais la grande majorité d’entre nous pense qu’une bonne femme c’est une femme mariée. Je dois honteusement avouer que moi-même, il est des moments où je suis tenté de le croire. En y réfléchissant, je me demande si cette idée ne s’est pas développée à l’époque où les femmes n’exerçaient pour ainsi dire aucun métier, n’avaient aucune occupation, au point où le seul moyen pour elles de quitter le cocon familial était le mariage.
Aujourd’hui, l’idée perdure dans les esprits des femmes mais malheureusement aussi dans ceux des hommes. C’est au point où certaines femmes se sentent obligées de mentir sur leur statut matrimonial pour éviter d’être la cible permanente de leurs voisins, des passants, de leurs collègues de bureau ou, pire, de leurs patrons.

Une bonne femme, ce n’est pas forcément celle qui est mariée. J’en connais qui sont mariées mais qui sont incapables de faire à manger. J’en connais qui sont mariées mais qui ne peuvent pas élever un enfant. J’en connais qui sont mariées mais qui sont les premières à draguer collègues et patrons. J’en connais qui, bien que mariées, ne se gênent pas pour aller dans les bars et autres snacks sans leurs maris. C’est ça, une bonne femme ?
La société veut forcer les femmes (et les hommes) à croire qu’une femme ne peut s’affirmer qu’à travers son homme. C’est faux. De même que c’est réducteur de dire que « derrière un grand homme se cache une grande dame. » Pourquoi doit-elle se cacher derrière un homme ? Pourquoi ne pas montrer sa grandeur à elle sans que ce soit à travers son mari ? Pourquoi le mari ne se cache-t-il pas derrière sa femme ? D’ailleurs, pourquoi la femme ne peut pas être grande sans mari ?

Aujourd’hui, les femmes sont présidentes de la République, ministres, chefs d’entreprises, expertes, directrices générales, enseignantes, etc. Beaucoup de femmes sont même des modèles pour certains hommes. Avec ou sans mari, ce sont des femmes qui inspirent. Avec ou sans mari, ce sont des femmes qui rassemblent, qui partagent, qui aident. Avec ou sans mari, ce sont de bonnes femmes.
_____
La saison 3 du Blog Contest commence aujourd’hui avec le thème suivant, « La pression sociale : une bonne femme est une femme mariée ». Je ne suis plus challenger officiel, mais comme annoncé à la fin de la saison 2, je vais autant que faire se peut, écrire #EnMargeDuTBC (Tout le monde sait que dans une fête les tuyoristes mangent plus que les invités officiels). Voici les liens vers les articles des challengers:
Commentaires