Tous des « kongosseurs » devant Dieu et les hommes
L’autre jour, quand j’ai vu ma mère et deux autres femmes (qu’elle ne connaissait même pas) commencer spontanément à chuchoter entre elles à propos de la femme d’un patient qui venait d’être hospitalisé, j’ai eu la réaction que tout Camerounais, et peut-être tout Africain digne de ce nom aurait eue : « Ah, les femmes ! Les femmes ! Le kongossa-là coule seulement dans leurs veines ! » Pourtant, en y réfléchissant bien, je me suis rendu compte que dans cette discipline olympique qu’est le commérage, ce ne sont pas seulement les femmes qui sont les championnes.
En réalité, il suffit que deux personnes se rassemblent pour que, d’une façon où d’une autre, le kongossa commence. Oui, parce qu’il est presque impossible de ne parler que de soi-même, sans citer le nom d’une tierce personne. Généralement, quand deux amies se « gâtent » au quartier, il n’est pas rare d’entendre l’une demander à l’autre de laisser son nom tranquille. En se basant sur ces disputes plus que récurrentes dans nos quartiers, on peut déduire que le simple fait de parler de quelqu’un qui n’est pas présent, de prononcer son nom même, c’est déjà « faire le kongossa sur lui ».

Cependant, à la différence des kongosseurs amateurs – ceux qui citent les autres sans aucune intention nocive –, les kongosseurs professionnels ne font pas que parler de vous. Ah non ! Eux, ils mal-parlent, mentent parfois, inventent des histoires sur votre compte ou pire encore, disent des vérités que vous ne voulez pas forcément que tout le monde sache. Et c’est parfois à ce niveau que les femmes pourraient surpasser les hommes (je n’ai fait aucune étude hein, je me base juste sur les cas de bagarres et/ou engueulades que j’ai eu à observer. Dans la grande majorité des cas, il s’agissait de querelles entre femmes).
La question que nous nous sommes posée ce mois dans le cadre du Blog Contest, part du thème suivant : « Dire ou laisser dire: la gestion du bouche à oreille ». En français facile, comment réagir au kongossa ? Faut-il kongosser ou bien laisser les gens nous kongosser sans rien dire ? À mon avis, c’est simple : tous, autant que nous sommes, nous kongossons, du moment où nous parlons des autres quand ils sont absents – que ce soit en bien ou en mal. Même si tout dépend de la nature de ce qu’on dit de l’autre, et parfois de la personne à qui on le dit, la vérité reste évidente : on a kongossé que sauf – je challenge d’ailleurs quiconque de me dire qu’il n’a jamais mal-parlé d’un(e) ami(e) en son absence.

Tout comme pour un voleur, on ne peut accuser quelqu’un de pratiquer le kongossa que quand la personne avec qui il kongossait vient le trahir. Il y a des gens qui sont ensemble chaque jour et se croient des amis alors que l’un d’eux, chaque fois que c’est possible, prend la peine d’afficher les secrets de l’autre. On fait donc comment ? Eh bah, on laisse dire. D’ailleurs il n’y a rien que nous puissions faire pour empêcher le kongossa, à moins d’apparaître chaque fois que deux personnes s’apprêtent à parler de nous.
En un mot, comment gérer le bouche à oreille, dire ou laisser dire ? Non, dire (parce qu’on ne peut s’en empêcher) ET laisser dire (pare qu’on ne peut l’empêcher). Maintenant, il est temps de faire un tour sur les blogs des autres challengers du Blog Contest pour lire leur part de kongossa :
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