Homosexualité en Afrique : la pilule difficile à avaler
Dans plusieurs pays d’Afrique, s’il est une question qui divise, c’est bien celle de la légalisation de l’homosexualité. Si les avis des uns et des autres divergent sur la question, il n’en demeure pas moins vrai qu’une bonne partie de la population jeune se pose encore beaucoup de questions sur l’attitude à adopter face à ce phénomène (Lisez les articles des blogueurs Gilbert Lowossou et Judith Gnamey sur le sujet). Selon les standards européens, condamner ou réprimer l’homosexualité constitue une atteinte aux droits de l’homme et à la liberté des individus. Mais nous, en Afrique, devons-nous adopter ces standards ? Au vu du contexte Camerounais (et par extension africain), peut-on traiter l’homosexualité de la même façon qu’en Europe et en Amérique ?
L’Afrique sous pression
De nos jours, il devient de plus en plus difficile pour les pays africains de maintenir leurs positions en matière d’homosexualité. Avec la pression de la communauté internationale et l’aliénation culturelle qui caractérise certains africains, beaucoup ne savent plus trop où donner de la tête. Les États-Unis ont par exemple menacé de couper les vivres suspendre leur aide au Nigéria si la loi anti-homosexualité était votée. Même discours venant du Royaume Unis, qui promet de réduire l’aide octroyée au Nigéria. Des menaces similaires on été proférées contre l’Ouganda qui venait également de voter une loi similaire (en février dernier).
La souveraineté des États africains remise en question
Ce qui est étonnant, c’est le fait de voir l’Europe et les États-Unis essayer d’imposer des lois, ou bien des opinions aux pays africains, sans tenir compte du fait que ce sont des lois, et qu’elles sont débattues et votées par une assemblée souveraine d’un pays autonome ! Aucune loi n’est idéale. Chacune s’adapte simplement au contexte socioculturel du pays ou bien de la région dans laquelle elle est promulguée, en tenant compte de la culture et des mentalités des gens qui y vivent – fussent-elles barbares. Ce sont de simples conventions qu’un groupe humain se donne pour pouvoir cohabiter.
D’où vient-il donc que certaines personnes ayant des cultures, des mentalités différentes, vivant des réalités différentes des nôtres se croient plus qualifiées que nous pour savoir ce qui nous sied ou pas ? Même si ces lois ne font pas l’unanimité, je crois bien qu’en démocratie, c’est la majorité qui domine.
Tout État étant donc régi par un certain nombre de règles conventionnelles – les lois, si vous voulez – auxquelles les individus qui y résident doivent se soumettre, il est inadmissible que certaines voix s’élèvent pour encourager un acte considéré comme une infraction au code pénal.
Ça existe en Afrique subsaharienne depuis longtemps
Dans le rapport d’Amnesty International sur la criminalisation des relations entre personnes de même sexe en Afrique subsaharienne intitulé Quand aimer devient un crime, il est mentionné que l’homosexualité n’est pas une pratique occidentale importée en Afrique (page 14). Ces pratiques feraient donc partie intégrante des coutumes de certaines régions d’Afrique où certaines femmes se mariaient entre elles, et où il existait des hommes-femmes qui pouvaient se marier avec d’autres hommes. Admettons. Il n’est cependant indiqué nulle part que ces personnes étaient considérées comme des citoyens à part entière, ou bien le faisaient de leur propre gré.

L’Afrique a toujours eu à fonctionner avec le système de castes. Et certaines de ces castes étaient composées de personnes qui avaient parfois moins de valeur que du bétail. À ces personnes, il était parfois imposé des pratiques (interdiction de se couper les cheveux, interdiction d’inscrire les enfants à l’école, etc). Il est donc très possible que les cas cités dans le rapport d’Amnesty International ne parle en grande majorité que de ces personnes qui étaient pour la plupart des « intouchables » c’est-à-dire des êtres mis au ban de la société et qui ne choisissaient pas ces statuts de leur plein gré. Pour les sociétés dans lesquelles les mudoko dako (hommes-femmes) vivaient, ces derniers n’étaient pas considérés comme des hommes, mais bel et bien comme des femmes.
Même si la pratique homosexuelle existe en Afrique depuis longtemps, elle était réservée ou mieux, imposée à certaines personnes probablement considérées comme des sous-hommes. D’ailleurs, le rapport d’Amnesty International souligne que ces pratiques étaient seulement « tolérées », pas acceptées. De même que la sorcellerie, ou bien l’adultère qui sont des pratiques qui existent en Afrique depuis, mais sans pour autant être légalisées.
Rien à voir avec l’amour
Dans le contexte camerounais, la pratique homosexuelle est d’autant plus honnie qu’elle est parfois la condition sine qua non d’accès à certains emplois. Oui, il faut parfois accepter de se laisser percer (le derrière) pour percer (dans la vie). Il n’est absolument pas question d’amour – du moins, dans la majorité des cas. Il s’agit de domination, d’avilissement. Certains parlent même de pratiques occultes.
Dans un contexte où la misère sévit, où le travail est une denrée rare, où l’éducation laisse à désirer, on peut aisément comprendre la frustration, voire l’hostilité de la population face à l’homosexualité qui, en plus d’être contre-nature, constitue un frein à l’épanouissement des masses.

Laisser du temps au temps…
En Europe ou en Amérique, l’homosexualité n’a pas toujours été légale – sauf erreur de ma part. Il a fallu du temps. Il a fallu que les mentalités évoluent, que les habitudes changent. Jusqu’aujourd’hui, il existe toujours des personnes hostiles à l’homosexualité dans ces pays-là.
Alors, au lieu d’essayer de forcer pays africains à adopter des lois qui vont à l’encontre de ce que la majorité de la population veut, il serait mieux de laisser les mentalités africaines évoluer, lentement, progressivement. Il faudra que les réalités socioculturelles soient différentes, que la misère intellectuelle soit combattue. Après, on pourra remettre la question sur le plateau.
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