Les camerounais, spécialistes des dessous de ceinture

18 octobre 2014

Les camerounais, spécialistes des dessous de ceinture

Le Cameroun est un pays formidable. Ici chez nous, tout ou presque tourne autour du bas-ventre. Ici, on est tellement oisifs – faute de travail – que notre esprit est en permanence focalisé sur « ça ». Il y a quelques années, on a beaucoup critiqué la chanson « Le ventre et le bas-ventre » de Lady Ponce, arguant qu’elle « chante la sauvagerie ». Et pourtant, il fallait voir les gens danser dans les bars ! Il fallait voir les vendeurs de CD piratés compter leur recette après une journée de vente ! On aura beau le nier, chez nous au Cameroun, on aime les histoires de bas-ventre.

Les camerounais manifestent leur expertise en dessous de la ceinture dans plusieurs domaines : écoutez nos musiciens. Dans la plupart des chansons, il y a toujours une partie qui concerne « la chose ». Lady Ponce par exemple, après son premier album dans lequel elle chantait haut et fort « L’homme, le ventre et le bas-ventre, le tour est joué. L’homme, le bas-ventre et le ventre le compte est réglé… », a sorti une autre chanson beaucoup plus explicite dans laquelle elle scandait : « Et ça, et ça là, ça aussi, ça là prends cadeau. » Phrase anodine ? Allez y regarder son clip, et vous saurez de quoi il en retourne.

Crédit photo: losako.afrikblog.com
Crédit photo: losako.afrikblog.com

Face au succès que ce type de chansons, spécialité de K-Tino « La femme du peuple » –aujourd’hui devenue « La femme de Jésus » – connait dans les bars, les boîtes de nuit et même dans les domiciles, plusieurs autres artistes se sont lancés dans la danse ; et on les a critiqués, tout en dansant au rythme de leurs chansons. Qui n’a pas aimé « Aye elang » d’Amazone, ou bien « Fallait pas », de Coco Argentée où elle disait qu’elle a « envie de…, envie de wanwanwan, envie de…, envie de…, envie de faire » ? Moi en tout cas j’ai adoré.

Ils sont nombreux, ces musiciens qui ont compris que le thème qui plaît au Camerounais, c’est l’entre-jambe. Mais ces musiciens ne sont pas les seuls à profiter de notre intérêt particulier pour la « sauvagerie ». Quand on écoute les chaines de radio et de télévision camerounaises, on se rend compte que parmi les chansons diffusées par ces dernières figurent en bonne place les chansons de dessous de ceinture. D’ailleurs, c’est à ces chaînes que nous devons la propagation des chansons « sauvages » à une vitesse fulgurante – et à youtube aussi, mais pas beaucoup. Bizarrement, les mêmes chaînes organisent des débats dans lesquels on condamne ces chansons, alors qu’ils en sont les premiers promoteurs !

Autres amoureux-promoteurs des affaires de cul : les commerçants spécialisés en vêtements pour femmes. C’est vrai ! Sans eux,

Majoie ayi - Crédit photo: gfm.sn
Celles qui ne chantent pas la sauvagerie s’habillent « sauvagement » – Crédit photo: gfm.sn

nos sœurs n’auraient jamais eu de fringues qui mettent l’eau à la bouche des passants et la jalousie ou l’envie dans le cœur des passantes. Si au marché on ne vendait pas de vêtements ne couvrant que les parties du corps où les yeux ne s’attardent pas généralement, je suis sûr que ceux qui font semblant de ne pas aimer regarder les belles choses n’allaient pas trop de plaindre.

Dans cette catégorie de fournisseurs de défroques indécentes, citons également les couturiers. Ils ont compris que coudre des longues robes de grand-mères était le meilleur moyen de se précipiter vers la faillite. Leurs modèles s’adaptent donc aux besoins des Camerounais. Ici, on parle de VCD (Ventre et Cuisses Dehors) et de DVD (Dos et Ventre Dehors).

Tout ceci se passe bien évidemment sous l’œil rincé et approbateur des pouvoirs publics – eux aussi aiment voir les bonnes choses. Dernièrement certains ministres en mal de visibilité ont fait semblant de prendre des mesures visant à combattre les tenues indécentes. Mais au finish, on a compris que c’était juste pour amuser la galerie et encourager les demoiselles à aller de l’avant.

Chez nous, on aime les dessous de ceinture. Si les belles formes de nos sœurs vous énervent, regardez ailleurs.

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