Journée internationale de la fille : l’adolescente camerounaise est très autonome

Article : Journée internationale de la fille : l’adolescente camerounaise est très autonome
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13 octobre 2014

Journée internationale de la fille : l’adolescente camerounaise est très autonome

Samedi dernier, se célébrait la 3e édition de la journée internationale de la fille sous le thème « Autonomiser les adolescentes: mettre fin au cycle de la violence. » En découvrant le thème sur une banderole en plein centre de Yaoundé, je me suis dit que ce thème ne concernait pas trop les adolescentes camerounaises. C’est vrai ! Les Camerounaises sont très autonomes, même quand elles sont très jeunes.

Une Camerounaise, quelque soit son âge, est déjà une panthère potentielle. Vous ne connaissez pas les panthères ? Ce sont ces femmes capables de vous faire vendre père et mère pour les entretenir : loyer, meubles, factures, sorties, crédit téléphonique, etc. Elles sont partout, prêtes à bondir sur d’éventuelles proies. Et ne les sous-estimez pas hein. Malgré leur jeune âge, elles ont plusieurs cordes à leurs arcs (elles ont également plusieurs arcs).

J’ai vu On a vu des élèves se déboutonner en classe, s’asseoir en classe de façon très provocatrice, ou bien faire de grands sourires et même des clins d’œil aux enseignants en plein cours. Dès que vous êtres dans leurs griffes, votre sort est scellé. Courrez vite chez Tsala Essomba* – à défaut d’aller chez T.B. Joshua qu’on évite depuis que sa synagogue s’est effondrée sur certains fidèles – pour qu’il vous délivre. Cette catégorie de camerounaises n’a aucun problème d’autonomie – je ne peux pas en dire autant de leurs proies.

Jeunes filles à l'école - Crédit photo: twtrland.com
Les adolescentes doivent s’instruire pour devenir des adultes autonomes – Crédit photo: twtrland.com

Celles qui ne sont pas assez belles pour entrer dans le club pourtant très ouvert de panthères n’en restent pas moins autonomes ! Ce sont des championnes de l’auto-emploi. Baladez-vous dans les villes Camerounaises et vous les verrez : vendeuses d’arachides, braiseuses de poisson ou de plantain-prune, elles ont l’embarras du choix, tellement il y a des opportunités d’emploi ! Ne vous demandez pas à quel moment elles vont à l’école, car elles n’y vont pas. À quoi bon aller à l’école quand on a déjà un emploi ! Surtout quand on est son propre patron.

Jeunes vendeuses - Crédit photo: btaillefer.blogspot.com
Des adolescentes « autonomes » – Crédit photo: btaillefer.blogspot.com

Pour celles qui n’ont pas le fond pour lancer commerce, il y a de l’espoir : avec la rentrée scolaire et la fin des vacances pour la plupart des fonctionnaires et des travailleurs du privé, les nounous et les domestiques sont fortement demandées.

Comment peut-on autonomiser des adolescentes sans les mettre en danger ? Une adolescente, c’est une fillette âgée entre 12 et 17 ans. Dans cet intervalle de temps, les jeunes sont (ou devraient) encore être sous la responsabilité de leurs parents ou tuteurs. Il n’est donc pas question pour ces jeunes-là d’exercer une quelconque profession, sous le prétexte de les autonomiser. Celles qui se livrent au petit commerce ou bien celles qui sont employées comme domestiques sont celles qui subissent généralement des violences. Du moins, elles sont les plus exposées. En témoigne le cas de la jeune vendeuse de poisson violée et assassinée dernièrement à Yaoundé.

J’ai peur de ne pas saisir le sens du mot « autonomie », mais je pense que quel que soit le sens qu’on lui donne, il implique une certaine liberté, une certaine indépendance. Le thème choisi pour cette troisième édition de la journée internationale de la fille à mon avis, manque de logique et de pertinence.

* Tsala Essomba est le fondateur du ministère « Va et raconte » basé à Yaoundé, au Cameroun. Il possède deux journaux, une radio, une chaîne de télévision et même une marque d’eau bénite…

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Commentaires

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Je crois que le thème est bon et vise à potentialiser les moyens financiers des adolescentes afin de les rendre moins vulnérables. Je reconnais tout de même que beaucoup de nos cadettes et de nos consoeurs ont des comportements très décevant. quoique être une fille, n'est jamais facile!

Fotso Fonkam
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Mon problème avec ce thème c'est qu'il ne donne pas la possibilité aux adolescentes de s'instruire et donc d'aspirer à des emplois autres que les petits métiers ou les activités peu lucratives. Car, quel emploi décent une adolescente peut-elle avoir? Sans éducation, peuvent-elles devenir responsables?
A moins qu'il y ait un autre moyen d'autonomiser les adolescentes tout en leur permettant d'aller à l'école, je pense que ce thème n'aura pour seule conséquence que de les exposer à la violence.

Veronicamay
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Une adolescente reste une enfant sous la responsabilité de ses parents ainsi on ne peut véritablement parler d'autonomie. A cet âge là la priorité doit être dans l'éducation, celle des parents et celle de l'école, et dans la responsabilisation (pas seulement pour les filles mais aussi pour les garçons).
Quant à cette histoire de "panthères", énième terme insultant et réducteur envers les femmes, quelle est la pertinence de l'évoquer dans cette discussion?

Fotso Fonkam
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C'est exactement mon point de vue, résumé en un paragraphe.

En ce qui concerne les panthères, c'est peut-être insultant et réducteur, mais ce n'est pas un mythe. En tant qu'enseignant, j'ai personnellement eu à subir les assauts de certaines élèves. Donc ce que j'ai décrit dans mon billet est en partie inspiré de ce que j'ai vécu.

Fotso Fonkam
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Et Je mentionne les panthères dans mon billet tout simplement parce que ce sont des femmes autonomes qui se prennent en charge, même si c'est avec l'argent des autres.

1011
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Contribution à la Journée Internationale de la Fille aujourd'hui 11 octobre 2018: plasticienne engagée j'ai réalisé plusieurs oeuvres dédiées à cette cause.
Une série intitulée "Hommage à Malala" sur les terribles enlèvements des jeunes lycèennes par Boko Haram, en écho au grand combat pour l'éducation des filles de Malala Yousafzai. Une installation que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes 2018. L'action est aussi la pédagogie et le débat.

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Mais aussi une série sur les mutilations sexuelles intitulée « Infibulation ». Quand l'art permet de parler directement de l'horreur et d'ouvrir le débat.
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