La route tue, et nous aussi…

Article : La route tue, et nous aussi…
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26 septembre 2016

La route tue, et nous aussi…

Huit morts sur la route de Bafounda dans la région de l’Ouest, treize morts dans un accident survenu à Dimako dans l’Est du pays, six morts sur l’axe Nkongsamba-Douala. Vingt-sept morts, voilà le bilan de quelques accidents survenus seulement la semaine dernière dans quelques villes du Cameroun. Combien de personnes perdent la vie chaque mois sur nos axes routiers ? Beaucoup trop. Et pourtant, on a l’impression que rien de concret n’est fait pour endiguer le phénomène.

La route tue

Chaque année au Cameroun, environ 1.000 personnes meurent dans des accidents routiers. Les statistiques indiquent que, entre 2005 et 2014, environ 10.135 camerounais ont perdu la vie sur nos routes. La cause de ces décès ? L’état déplorable des routes.

Selon le ministère des travaux publics, le Cameroun compte 5.133 kilomètres de routes bitumées (contre 12.799 kilomètres non bitumés). Ce que le ministère omet de préciser, c’est que ces 5.133 kilomètres de route bitumée sont parsemés de nids de poules, crevasses et autres dangers pour la circulation.

Que ce soit dans les villes ou sur les routes nationales, il suffit d’un moment d’inattention de la part d’un usager de la route pour qu’un drame survienne, causé par une crevasse qu’il n’a pas aperçue à temps. Pire, au fil du temps, les routes se dégradent, sans que rien de concret ne soit fait par les autorités incompétentes pour régler le problème. Même l’instauration de péages n’a pas permis d’améliorer l’état de nos routes.

Il faut dire que nos autorités brillent par leur négligence, qui frise l’inconscience. Car comment peut-on laisser les citoyens mourir par dizaines tous les jours, alors qu’on a justement la charge d’assurer leur sécurité sur les routes ? Il y a peut-être un problème de moyens – j’en doute fortement –, mais le manque de volonté de ces derniers est flagrant. La plupart du temps, c’est volontairement qu’ils laissent les nids de poule prospérer sur nos routes.

Je me souviens que, lors du passage du président Italien dans la ville de Mbalmayo, la route principale et tout le trajet que devait suivre le visiteur avaient été bitumés, et ce en moins d’une semaine. Pourtant, ça faisait plusieurs années que les mêmes routes étaient impraticables, pourtant personne ne faisait rien.

Plusieurs niveaux de responsabilité

Ce serait faire preuve de mauvaise foi que de prétendre que l’état des routes est la seule cause des accidents sur nos routes. Les responsabilités sont partagées et, chacun à son niveau est responsable de chaque accident qui survient.

L’individu qui prend un volant sans avoir passé l’examen de permis de conduire (mais qui en a un), est autant responsable que l’accident qu’il va occasionner que l’agent qui lui a délivré de permis qu’il ne méritait pas. De même, le policier qui a pris 500 francs à un usager qui n’avait pas de permis de conduire porte également la responsabilité de l’accident que ce dernier ira causer quelques mètres plus loin.

L'accident de Biyem Assi Superette - Crédit photo: koaci.com
L’accident de Biyem Assi Superette – Crédit photo: koaci.com

Les comportements de nature à mettre des vies en danger sont légion sur nos routes : un moto-taxi qui essaie de se faufiler entre deux véhicules, un usager qui essaie de forcer le passage, un autre qui téléphone en conduisant etc. J’ai déjà entendu plusieurs personnes déclarer qu’elles conduisent mieux quand elles ont « un peu » bu. Les conséquences, on les connait : des dizaines de personnes tuées chaque semaine.

Prendre conscience pour réduire les accidents de la route

La réduction du nombre d’accidents qui surviennent sur nos routes passe obligatoirement par la prise de conscience des usagers de la route. Ces derniers doivent prendre conscience que nos routes sont très dangereuses, surtout qu’elles sont en très mauvais état. Ils doivent prendre conscience qu’ils doivent être deux fois plus prudents sur la route, car des vies en dépendent. Ils doivent être conscients que s’ils conduisent sans avoir un permis de conduire (mérité), ils représentent un danger pour leur prochain. Ils doivent prendre conscience que l’alcool ne rend pas plus adroit au volant, bien au contraire.

Cet article a été écrit dans le cadre de la campagne lancée lundi dernier par les blogueurs Camerounais sur les accidents routiers. Demain, Armelle Sitchoma publiera un article sur le sujet, que vous pourrez lire sur armellesitchoma.com

Pour suivre la compagne, vous pouvez suivre le hashtag #StopAuxAccidentsRoutiers sur les réseaux sociaux.

Retrouvez également les articles publiés les jours précédents :

Cameroun : comment on obtient le permis de conduire ? (Ecclésiaste Deudjui)

Stop aux accidents routiers – Le jour où tout a basculé ! (Carole Leuwé)

Accident de la circulation : A cause de la route, « tu nous manquerons » (Thierry Didier Kuicheu)

Et si ces routes avaient existé ? (Wiliam Tchango)

C’est elle la tueuse ! (Frank William Batchou)

Circulation : Ces pollueurs qui menacent nos vies (Mathias Mouendé Ngamo)

#StopAuxAccidentsRoutiers, Douala à l’ère du numérique (Danielle Ibohn)

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Commentaires

kutukamus
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Very much so. Road condition, [undeserved] driving license, the authority etc do count. Still, we road users (drivers, pedestrians etc) bear no less responsibility over the matter. In a way, this happens in where I live as well.