Appel à l’opposition camerounaise : devenez des CM* !

Article : Appel à l’opposition camerounaise : devenez des CM* !
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16 février 2015

Appel à l’opposition camerounaise : devenez des CM* !

Au Cameroun, on a pendant longtemps estimé que notre opposition, si elle n’était pas inexistante, était moribonde, corrompue et affamée. Les leaders de l’opposition se sont toujours défendus, justifiant leur difficulté à se faire connaître par le fait que le parti au pouvoir s’est accaparé des caisses de l’État et des chaînes de radio et de télévision, ce qui ne leur facilite pas la tâche. Tout ceci est vrai, bien que cela ne justifie pas l’inertie de certaines formations politiques qui n’émergent que pour « battre campagne », et retournent en hibernation juste après la proclamation des résultats.

De nos jours, cependant, l’excuse donnée plus haut a de moins en moins de poids, car il existe d’autres moyens plus simples et au moins autant efficaces que les chaînes de radio et de télévision pour se rapprocher de l’électorat : les réseaux sociaux

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Les réseaux sociaux – Crédit photo: franceinfo.fr

Les politiciens camerounais ne semblent pas accorder aux réseaux sociaux l’importance qu’ils devraient. Dans la plupart des cas, c’est à peine si ces derniers ont un compte sur Facebook ou sur Twitter ! Si on s’amuse à les chercher sur les réseaux sociaux, on se rendra vite compte, déçus, que les rares qui ont pensé à ouvrir un compte ne les utilisent presque pas. En tout cas, pas à bon escient.

Pourtant, le moyen le plus sûr, le plus efficace de se rapprocher de la population aujourd’hui reste bel et bien les réseaux sociaux, n’en déplaise au Roi Lion. Sur Facebook, il suffit de créer une page (le nombre d’amis pour les comptes personnels étant limité), et de la vulgariser – ce qui n’est pas compliqué non plus. Maintenant, tout dépendra de la pertinence de ce qu’on y poste. Un politicien qui a des choses à dire au peuple verra les abonnements à sa page exploser. Et il lui sera facile de vulgariser ses programmes politiques, ses opinions et ainsi de gagner l’estime des électeurs.

Sur Twitter, c’est encore plus facile. Les comptes les plus pertinents sont suivis par un grand nombre de personnes. Mais, même sans suivre un compte, il suffit qu’un membre de notre « tweet list » retweete quelque chose pour qu’on y ait accès. Et voilà comment l’info va se propager, sans censure ni intimidation possible.

Je l’ai toujours dit, un politicien astucieux et populaire est capable se tenir un meeting sur tweeter. Il suffit de choisir un hashtag pour une séance de « live-tweet ». Aussi simple que ça. Et là aucun besoin de demander une autorisation de se réunir aux préfets, qui ne l’accorderont certainement pas. Sur Twitter, aucun policier ne viendra intimider la foule. En même temps, il sera facile pour les leaders politiques d’avoir l’opinion de la population sur le sujet débattu. Un vrai dialogue, quoi – et non les monologues télévisés du monarque de Mvomeka’a !

En 2015, les politiciens camerounais, et plus précisément les leaders de l’opposition, doivent se mettre à jour, s’approprier les réseaux sociaux pour se rapprocher des populations – en plus des autres approches. Si certains l’ont compris et font déjà des efforts dans ce sens, d’autres tardent encore à intégrer que l’avenir politique du Cameroun peut aussi passer par les réseaux sociaux.

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CM : Community Manager

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Commentaires

Guy Muyembe
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Vous avez raison de le souligner mais vous êtes sans ignorer que les gouvernements ont aujourd'hui la possiblité de couper internet. On a vu ce qui s'est passé en R.D.Congo mon pays. Donc la censure est tout à fait possible sur le net.

Fotso Fonkam
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C'est vrai. Mais avant que le gouvernement n'en arrive à cette solution radicale, je pense qu'une bonne partie de la population aura été éduquée... Ils ne perdent rien à essayer.

Marius M. Fonkou
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Tu as tout à fait raison William. Merci de donner une leçon de modernité et de mondialisation communicationnelle politique aux soit disant opposants camerounais.

Fotso Fonkam
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Ils se disent opposants et actifs. Nous, on ne le voit pas. Ils ont désormais l'occasion de faire connaître leurs actions (Bernard Njonga du CRAC le fait déjà sur sa page facebook).

Merci pour le commentaire

Roland
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Très bonne analyse. C'est bien dommage que la plupart des partis d'opposition ne se servent pas de ce puissant canal qu'est le web 2.0. Le constat est le même au Togo. Alors qu'ils sont quasiment absents sur la toile que pourront ils faire une fois au pouvoir contre la fracture numérique? That's the question

Fotso Fonkam
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Pourtant, je pense que le Togo a de l'avance sur nous ici au Cameroun, en termes d'utilisation des réseaux sociaux. D'ailleurs, je reviendrai dessus dans un billet.

Merci d'être passé par ici.