Si l’hypocrisie tuait, l’ONU ne serait plus
Dans une correspondance adressée à l’État camerounais le 31 décembre 2014, le chef du bureau de l’ONU pour l’Afrique centrale adressait ses félicitations à l’armée camerounaise pour sa bravoure dans la bataille qu’elle livre à Boko Haram depuis quelques temps déjà. Ici chez nous, on a bombé les poitrines, trop fiers pour voir que cette correspondance n’avait rien de sincère.
L’ONU ne peut pas être sincère quand elle félicite le Cameroun. Non. Car comment une institution telle que l’ONU, qui a pourtant une force armée et qui a pour mission, entre autres, de maintenir la paix et la sécurité dans le monde, au lieu de venir au secours d’un pays aux prises avec un fléau tel que le terrorisme, se contente d’observer la bataille à distance et de compter les points que chaque adversaire marque ?
Comment les Nations unies peuvent-elles observer, impassible, le massacre des populations à l’extrême Nord du Cameroun, la destruction des villages, l’exode des populations qui abandonnent tout sur place pour s’éloigner des lieux des affrontements. Et au lieu de prendre les mesures qui s’imposent pour que les droits de l’homme ne soient pas bafoués, cette institution se contente de féliciter le Cameroun qui se débat tout seul1 avec la vermine ?
Sont-ils sincères, à l’ONU ? Je me le demande. Parce que, au lieu d’apporter ne serait-ce qu’une aide alimentaire à ces Camerounais qui ne peuvent pas s’enfuir en emportant leurs champs de mil ou bien leur bétail, et qui, par désespoir, risquent même de rejoindre l’ennemi et de tomber sous les balles de l’armée, au lieu de leur venir en aide, l’ONU préfère féliciter le Cameroun pour avoir repris une base militaire que les terroristes occupaient !
Nos enfants, qui cette année n’ont pas pu aller à l’école dans certaines localités de l’extrême Nord, seront demain des adolescents à qui on lavera facilement le cerveau et qu’on enrôlera sans peine dans des groupes terroristes. C’est pour cela que nous avons droit à des félicitations. Pour tous nos enfants qui, ignorants, deviendront demain des terroristes…
Non, chers messieurs de l’ONU, ne nous félicitez pas, car vos félicitations ne sont pas sincères. Vous nous félicitez, mais tandis que vous le faites, moi je vois le sourire ironique qui se dessine sur vos lèvres.
Au lieu de nous féliciter, envoyez plutôt vos casques bleus soutenir notre armée au front, vous dont la mission est le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde.
Au lieu de nous féliciter, invitez plutôt d’autres pays à entrer dans le conflit2, vous dont l’objectif est le développement des relations amicales entre les nations.
Au lieu de nous féliciter, apportez une aide alimentaire aux populations qui fuient les zones de combat, vous dont la mission est de faire respecter les droits de l’homme.
Mais, si vous ne pouvez pas le faire, si vous ne pouvez pas nous aider quand nous en avons besoin, si vous attendez que notre pays soit complètement détruit et que le chaos s’installe pour créer une mission de l’ONU au Cameroun comme cela a été le cas en Centrafrique (Minusca), au Mali (Minusma), au Soudan (Minuss, en Côte d’Ivoire (Onuci) et dans beaucoup d’autres pays, au moins ayez la décence de ne pas nous adresser des félicitations empreintes d’hypocrisie.
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1 Au moment où les félicitations de l’ONU nous étaient adressées, le Cameroun combattait encore seul. Depuis, le Tchad nous a rejoints dans la bataille.
2 Les troupes camerounaises ne sont plus seules au front, mais ce n’est pas grâce à l’ONU.
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