Ebola : missile à tête chercheuse ?
La semaine dernière, quand j’ai appris qu’un cas d’infection par le virus Ebola avait été diagnostiqué aux États-Unis, je me suis dit, « il n’y a pas que les Africains qui en sont infectés finalement. » Vous savez, on a dit tellement de choses sur l’origine de ce virus en Afrique. Je me suis dit que ce cas diagnostiqué chez ceux qu’on accusait d’avoir créé et inoculé le virus aux Africains allait peut-être faire taire les mauvaises langues. Mais j’avoue que je me pose des questions. Depuis hier, j’apprends que des patients américains ont été guéris de la maladie, comme d’autres malades non africains. Les Africains sont-ils les seuls qu’Ebola décide de tuer ?
Un vieil ennemi
Le virus Ebola, qui n’est pas inconnu en Afrique pour y avoir déjà sévi en 1976, a réapparu en Guinée il y a quelques mois de cela. Le virus s’est propagé et a rapidement gagné d’autres pays. Il faut avouer que les voyages et les échanges entre États voisins n’ont pas rendu la propagation du virus très compliquée. En moins de temps qu’il faut pour le dire, le virus était détecté un peu partout en Afrique, semant la mort, décimant les familles, dépeuplant l’Afrique.
L’Afrique foudroyée
A l’heure actuelle, le bilan de la fièvre hémorragique à virus Ebola en Afrique est très lourd. Les estimations les plus récentes parlent de 7 478 morts en Afrique, avec 3 439 en Afrique de l’Ouest !
En plus du bilan humain qui se passe de commentaires, il faut noter que les relations diplomatiques entre certains pays africains ont également pris un coup, car pour se protéger de l’invasion de cet intrus, certains pays ont simplement décidé de fermer leurs frontières terrestres et d’annuler les vols vers certaines destinations, jusqu’à nouvel ordre. Tel a été le cas du Cameroun qui a coupé les ponts avec Boko Haram le Nigeria. La Côte d’Ivoire aussi a agi dans ce sens, fermant la porte à clé à la Guinée et au Liberia (qui s’est également isolé pour contenir le virus), malgré les protestations de l’OMS qui pointe du doigt un risque de crise alimentaire, faute de ravitaillement de certains pays en denrées.
Ebola prend l’avion
Comme je le disais en introduction, l’Afrique n’est pas le seul continent à être touché par l’épidémie. Malgré les contrôles stricts dans les aéroports, le mal s’est déporté en Europe et en Amérique. Dernièrement, deux Américains ont été contaminés en Afrique. Hier encore, on annonçait un cas en Espagne. La preuve que le virus a pu se déplacer.
« Au feu, les pompiers »
Face à cette calamité, le monde entier s’est mobilisé : laboratoires, ONG, donateurs, etc. Tous ligués contre Ebola. De quoi se réjouir ? Pas vraiment. Quand on observe bien, on remarque que dans la majorité des cas, les non-Africains infectés, une fois évacués dans leur pays d’origine, recouvrent la santé. J’aimerais donc savoir, pourquoi les Africains sont-ils les seuls à être décimés par ce mal ? S’il existe un sérum, même expérimental, pourquoi ne pas utiliser les malades qui pullulent ici chez nous comme cobayes ? Ils n’ont plus rien à perdre, ces pauvres bougres. Et puis, après tous les tests concluants qui ont déjà été réalisés – puisque deux Américains ont été totalement guéris – pourquoi ne pas nous envoyer ce produit ?
L’Afrique, éternelle assistée
D’un autre côté, je me demande pourquoi les Africains ne prennent pas leur destin en main. C’est vrai, quoi. Nous avons des cerveaux, de l’argent, des ressources. Pourquoi devons-nous attendre que ce soit les autres qui nous fournissent la solution à nos problèmes ? C’est vrai pour Ebola comme c’était vrai pour Boko Haram (à qui on a déclaré la guerre totale à partir de la France) et pour la paix et la sécurité en Afrique (dont le sommet s’est tenu à Paris). Pourquoi les décisions les plus importantes concernant l’Afrique se prennent toujours hors de l’Afrique ? Comprenne qui pourra. Toujours est-il que jusqu’à ce jour les autres n’ont jamais réglé nos problèmes. La preuve : Ebola sévit toujours en Afrique, et Boko Haram n’est pas encore éradiqué.
Le virus Ebola sévit un peu partout dans le monde, mais ne fait de victimes qu’en Afrique. On aura beau dire, mais tant que l’Afrique ne cherchera pas à résoudre ses problèmes elle-même, elle sera toujours the place not to be, cet endroit qui ressemble à s’y méprendre à l’enfer, ce continent réputé pour ses conflits interreligieux et interethniques, ses détournements – qui profitent à la Suisse dans la plupart des cas – et ses morts. Comme on dit chez nous, « Chacun gratte où ça le démange. » Que celui qui a des oreilles comprenne.
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