05 octobre, journée mondiale des discours stériles (5)

Article : 05 octobre, journée mondiale des discours stériles (5)
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4 octobre 2014

05 octobre, journée mondiale des discours stériles (5)

En 2012, la communauté éducative camerounaise a brillé par son incapacité à agir pour les enseignants, pour les apprenants, pour l’éducation. Pourtant, ce ne sont pas les actions à mener qui manquaient. On a pourtant organisé des tables-rondes autour desquelles on a tourné en rond, sans prendre aucune décision concrète. Peut-être est-ce la raison pour laquelle en 2013, la balle a été envoyée dans le camp des enseignants ? Car en 2013, le thème de la journée mondiale de l’enseignant interpellait les enseignants en premier lieu.

05 octobre 2013 – « Un appel pour les enseignant(e)s »

Pendant les années précédentes, les problèmes des enseignants n’ayant pas été résolus (on sait pourquoi), ils se sont accumulés, se sont aggravés. Ils sont devenus tellement graves qu’en 2013, presqu’aux abois, la communauté éducative se sent obligée de passer un appel pour les enseignant(e)s. Quel peut être le contenu d’un tel appel ? Et surtout, à qui l’appel est-il lancé ?

Un appel aux enseignants à plus de sérieux dans le travail

Ici chez nous, il n’est pas rare d’arriver dans un établissement scolaire, quelle que soit l’heure, et de trouver des classes sans enseignants. Certains collègues en effet décident librement d’être là ou pas, ne tenant aucun compte de l’emploi du temps qui leur a été remis. Ces derniers, quand ils sont présents, arrivent à l’heure qui leur convient, et repartent quand bon leur semble, faisant passer les intérêts de leurs élèves au second plan.

Les enseignants sont des modèles, et leur comportement est la plupart su temps copié par les élèves. Donc, un enseignant absentéiste court le, risque d’influencer dangereusement ses apprenants, faisant de ceux-ci des citoyens incapables de respecter l’heure (on connait la fameuse heure camerounaise).

Malheureusement, l’administration des établissements semble tolérer ce genre d’écart, les érigeant par la même occasion en lois. C’est désormais de celui qui est assidu et ponctuel qu’on se moque. Même les élèves savent désormais que le cours de 7h30 commence à 8h. Autant les enseignants devront répondre à cet appel au sérieux en travaillant avec plus de professionnalisme, autant l’administration devra jouer son rôle en rappelant les contrevenants à l’ordre.

Un appel aux enseignants à plus de respect

Sur le terrain, il n’est pas rare de rencontrer des enseignants qui n’ont plus aucun respect ni pour eux, ni pour la profession, ni pour les enfants qu’ils encadrent. Ceux-là, fidèles au dicton qui veut que « la chèvre broute où elle est attachée », ne se gênent pas pour entretenir des relations intimes et coupables avec leurs élèves. Une vraie souillure pour la profession toute entière. Et la tendance semble indique qu’il y a plus de brebis galeuses que d’agneaux inoffensifs !

Cet appel, c’est donc pour que les enseignants reprennent leurs rôles de guides, d’éducateurs, de conseillers, de parents même dans certains cas ! Il est donc inconcevable que certains traversent la ligne rouge !

Ici également, l’administration – qui n’est pas toujours innocente – ferme les yeux quand elle ne participe pas activement à l’orgie, devenant coupable de proxénétisme passif car se montrant incapable de protéger des enfants dont elle a la responsabilité de l’éducation.

Un appel au gouvernement à plus de diligence dans le traitement des dossiers des enseignants

Comme on l’a déjà dit, l’enseignant est un modèle. Quand les élèves voient devant eux un enseignant à l’habillement reprochable et douteux, ils retiennent que l’enseignant en général est un misérable, un gueux, un indigent.

Et ce n’est pas faux dans le contexte actuel. Le temps moyen pour qu’un enseignant obtienne son salaire est de 24 mois au Cameroun ! 24 mois pendant les quels les enseignants fraichement sortis de l’école et nouvellement affectés se battent pour survivre, s’endettent quand ils peuvent, mais parviennent difficilement à s’en sortir. Deux ans sans salaire, alors qu’on doit payer le loyer et les factures, s’habiller, se nourrir, se déplacer etc. Comment faire ? Beaucoup inventent des maladies pour ne pas être présents au poste. D’autres abandonnent leurs classes pour aller faire les vacations ailleurs.

Un appel a donc été lancé au gouvernement Camerounais, pour que les dossiers des jeunes collègues soient traités avec un peu plus de rapidité.

En pratique, les choses se sont accélérées pendant quelques temps, mais la stagnation a vite repris le dessus, malgré la décision ministérielle de payer aux ECI (enseignants En Cours d’Intégration) un tiers de leurs salaires le temps que le dossier suit son cours dans les bureaux du ministère de la fonction publique.

Pour le reste, l’appel est resté lettre morte, car en 2014, il existe toujours des établissements où les enseignants sérieux se comptent sur les bouts des doigts (d’une seule main). Ceux qui broutent où ils sont attachés également continuent leur sale besogne. Rien n’a vraiment changé, pourtant il est grand temps, car le dicton cité plus haut continue : « La chèvre broute où elle est attachée. Et c’est là bas que le serpent la pique. » À bon entendeur…

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