Et si Abubakar Shekau était mort ?
En début de semaine, on annonçait à qui voulait l’entendre que le chef de la secte islamique Boko Haram, Abubakar Shekau, avait été tué dans une attaque de l’armée nigériane ou camerounaise selon les versions. Certains, d’ailleurs, se sont empressés d’adresser leurs félicitations au président camerounais pour avoir vaincu Boko Haram.
Au-delà de l’improbabilité de la véracité de cette information qui d’ailleurs ne se basait que sur des photos de très mauvaise qualité pouvait-on espérer vaincre le serpent en lui tranchant la tête ?
Une hydre, pas un serpent
Les groupes humains de par le monde, que ce soit une secte, un ministère, une assemblée chrétienne ou bien une entreprise privée, ont une structure hiérarchisée, instaurant un service minimum en cas de coup dur. C’est pour dire que dans l’organisation, s’il y a une seule tête, il y a généralement plusieurs seconds à même de devenir à leur tour des têtes. D’ailleurs, en ce qui concerne Boko Haram, Abubakar Shekau est loin d’en être le fondateur, et encore moins le premier chef. Il n’arrive en réalité à la tête du mouvement en 2009, après la mort de Mohamed Yusuf, fondateur du groupe armé.
C’est pour dire que la mort d’Abubakar Shekau n’est pas la solution au problème Boko Haram, car telle une hydre, une autre tête aurait poussé et le monstre aurait repris vie, instantanément.
Attaquer le mal à la racine
Au lieu de tirer sur les sous-fifres postés en première ligne dans les affrontements qui opposent les adeptes de cette secte aux pays où ils essaient de s’implanter, il serait peut-être plus bénéfique de trouver les origines du mal, afin de mieux l’éradiquer.
Pour le cas d’espèce, on remarque que la misère et l’ignorance sont les principaux chevaux de bataille des recruteurs à la solde de Boko Haram. A cause de la misère ambiante qui affecte notamment les jeunes, il devient très aisé de leur promettre monts et merveilles pour les enrôler dans de pareils groupes. L’ignorance aidant, ces derniers ne sont parfois pas capables de mesurer l’ampleur de la chose dans laquelle ils se retrouvent embarqués. Il faut un peu de jugeote pour cela.
Stratégie de combat
Pour défaire l’ennemi, la solution est donc toute simple : éduquer les jeunes et leur fournir des opportunités d’emploi. Permettre aux jeunes désœuvrés de se spécialiser dans un domaine et d’apprendre un métier pour leur donner une chance de se battre sans utiliser d’arme. Investir dans les secteurs porteurs, et non dans le superflu, comme ça s’est vu au Nigeria dernièrement.
En suite, quand ce sera fait, quand tous auront un toit sur la tête et de la soupe dans leur assiette, Shekau se retrouvera seul en première ligne. Et là, ce sera la fin de Boko Haram.
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